Racines du mal, racines de vie
A cette nuit qui s’en revient comme un couvercle
Je lui ai dit : « demain matin : fin de ce cercle. »
A mon ange mi-démon qu’a laissé sa peine
Dans le lit de notre passion, pas une scène ;
Dans cette nuit qui s’installe comme mon hôte,
Me suis assis, j’ai voulu regarder où mes fautes ;
Est-ce la fumée de ma cigarette grise ?
Est-ce mes pensées contre ce mur qui se brisent ?
T’aurais pu dire : « mais c’est quoi tous ces poèmes ? »
Et je t’aurais dit : « ça, c’est mon cerveau qui saigne… »
Mais je t’aurais dit : « c’est mon petit cœur qui t’aime. »
Et toi, ben t’attends là que la lumière s’éteigne…
Tu peux rester murée dans ce profond silence,
A ressasser l’histoire et vouloir la comprendre,
Tu peux aussi t’en aller, sortir sans défense,
Puis continuer l’histoire, vouloir la reprendre ;
Là, regarde-moi, à quoi crois-tu que je pense ?
Que ma route est finie, qu’il me faut la comprendre ?
Là, regarde-moi, crois-tu que je t’offense ?
Moi, mon amour, ma route, je veux la reprendre ;
Tu peux rester au bord à attendre cet ange
Qui t’emmènerait là où tu rêves d’aller ;
Mais tu resteras là, à attendre, mon ange,
Gabriel est passé, sa main, t’as refusé ;
Eros n’est même pas venu, mon petit cœur,
Il n’était pas même invité à ton orgie
Improvisée, bacchanale de ton malheur ;
Tu n’étais Cupidon que quand t’étais en vie ;
Parle-moi, déprime, parle-moi de folie,
Parle-moi de tes messages, et de celui
Où notre amour d’hier est parti dans l’oubli
Où j’ai cherché en ma mémoire cette vie ;
Cet hier où tu m’as dit : « deux mois de retard »
Cet hier où tu m’as dit : « tu t’en vas, tu t’en fous »
Cet hier où je suis revenu comme un fou ;
Ce demain où la nuit n’est venue que bien tard ;
Et puis ces longues heures de silence à attendre,
Et puis ces blanches minutes à rien comprendre,
Toutes ces secondes égrainées à se pendre
Pour ce déni fatal finalement apprendre ;
Folie, c’était pas moi et tu m’aimais encore
Quand ton ventre rose s’est enflé de cet autre,
Lorsque la nuit a voulu être et pas une autre,
Quand t’as fait de la boue gamine avec mon or ;
Alors pourquoi je pleure mes larmes démentes ?
Ainsi crois-tu que tu t’es seule crucifiée ?
Regarde dans mes yeux la lueur du passé,
Contemple cette plaie réouverte et béante ;
O tu ne peux pas comprendre, mon petit ange,
Mes souvenirs sont trop vieux et ils puent le rance,
Ils sont enterrés sous des tonnes de souffrance,
Dix-sept ans, c’est l’âge pour faire mourir les anges ;
Personne ne peut comprendre ce qui s’est passé,
Là en septembre et avant, en ce mois de mai ;
C’est un peu la même histoire en mars qu’en juillet,
Même envie, même folie, même destinée ;
J’ai mis mon cœur de côté, pour revenir en vie ;
J’aurais aimé garder au secret, dans mes vers,
Notre histoire d’impies, pour elle sous la terre,
Récit d’une vie folle quand même jolie ;
Alors toi qui me parlais d’être schizophrène,
A quoi crois-tu là maintenant et comprends-tu ?
Comprends-tu ces mots, ces maux, ces riens que je tue ?
Est-ce bien folie que d’oublier ce que je traîne ?
Alors tu peux rester à attendre cet ange
Qui t’emmènerait là où tu rêves d’aller ;
Avec ou sans toi, ni toit, je vais m’en aller,
En chemin je parlerai de toi à mon ange.
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